Cinq questions sur le nouvel Agenda urbain : Citiscope interview PLATFORMA
Quelle est l’idée la plus novatrice ou la plus transformationnelle de l’Agenda urbain ?
Le nouvel Agenda urbain va un peu plus loin dans la reconnaissance du rôle clé joué par les gouvernements infranationaux. Cela semble évident en regardant les villes, mais l’engagement à donner aux villes et aux régions des moyens de réformes de décentralisation conformes au principe de subsidiarité et d’améliorer leur implication dans les processus de prise de décision est un bond en avant vers le système ONU. En outre, il reconnaît l’importance de promouvoir la coopération décentralisée comme moyen de renforcer les capacités des gouvernements locaux et régionaux.
Quelle est la principale question qui manque à l’Agenda urbain ?
La participation des gouvernements locaux au système de l’ONU, en particulier dans les agences des Nations unies (comme ONU Habitat) qui s’engagent avec les autorités locales – ou du moins travaillent sur leur terrain – reste sans réponse. Ceci est contradictoire avec le discours populaire sur la localisation des agendas globaux, qui montre une reconnaissance répandue que la plupart des défis mondiaux d’aujourd’hui ont un impact local et doivent être abordés au niveau local. Les gouvernements locaux et régionaux doivent se faire assister à la table mondiale. Ainsi, la localisation peut commencer dès la phase de conception, où elle n’est désormais perçue que comme un défi de mise en œuvre.
Comment et quand saurons-nous si Habitat III a été un succès ?
L’urbanisation est une tendance continue et à long terme, et le suivi du nouvel Agenda urbain devrait donc se produire aussi en permanence et à plus long terme. Le suivi d’Habitat III devrait aller de pair avec celui de l’Agenda 2030. Il ne devrait pas être un processus séparé. La collecte de données sur les villes doit se faire au niveau de la ville. Cela ne peut être fait que par et avec les gouvernements locaux et régionaux. Les associations locales, leurs organisations régionales et mondiales peuvent évaluer les données locales agrégées et offrir une partie de l’analyse de suivi.
Quels sont les principaux obstacles à la mise en œuvre du nouvel Agenda urbain ?
Le plus grand obstacle est la participation limitée des gouvernements locaux et régionaux à la phase de conception du nouvel Agenda urbain. Certains Etats membres s’opposent à une plus grande implication des gouvernements locaux et régionaux dans la mise en œuvre de nouvel Agenda urbain. Pour que l’ordre du jour puisse être mis en œuvre avec succès, les gouvernements locaux et régionaux devraient être au cœur de la mise en œuvre et être étroitement associés à la conception du mécanisme de suivi et des actions d’accompagnement ainsi qu’aux phases de suivi et d’évaluation. La décentralisation limitée ou non qualitative dans de nombreux pays est un contexte non propice à la réalisation du nouvel Agenda urbain, et il faudra y remédier.
Comment espérez-vous que les villes du monde auront changé en deux décennies ?
Nous espérons voir un monde où les inégalités ont été considérablement réduites, l’un des défis majeurs de la vie urbaine d’aujourd’hui. En tant que réseau de gouvernements locaux qui s’engagent dans la coopération internationale, nous voudrions que les villes s’engagent à s’entraider mutuellement dans la réalisation du développement durable, de manière ouverte et autocritique. Cela pourrait se faire par le biais de partenariats de coopération décentralisée, tels que les échanges entre pairs, les réseaux thématiques, la coproduction politique. Des réseaux comme PLATFORMA continueront à plaider pour la pertinence de la coopération ville à ville et pour les objectifs mondiaux.