« Rencontrer le maire de Kyiv a été une expérience sans pareille »
6 juillet 2022
Cette tribune a été signée de la main du secrétaire général du CCRE, Fabrizio Rossi, au retour de son voyage à Kyiv en juin 2022. La version anglaise a initialement été publiée sur Euractiv.
Lorsque je me suis retrouvé assis à la même table que M. Vitali Klitschko dans un restaurant sur le toit de Kyiv en juin dernier, j’ai pu mesurer à la fois le charisme et l’authenticité du multiple champion du monde de boxe et actuel maire de la capitale ukrainienne.
Bien qu’avant de le rencontrer, je connaissais Vitali Klitschko et son frère comme icônes du sport et boxeurs puissants dotés d’une grande technicité, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Après avoir passé une demi-journée avec lui à Kyiv, je peux dire que c’est un leader qui ne se cache pas : il est totalement lui-même.
Il est assez rare de rencontrer un dirigeant politique qui n’est pas tenté de fournir des réponses complaisantes pour satisfaire son public et ses interlocuteurs. Le maire Klitschko semble se désintéresser de tout cela et n’est animé que par sa détermination à lutter, à surmonter les difficultés et à aller de l’avant.
Lorsque je lui ai demandé comment il arrivait à repousser les forces russes alors qu’elles ont déjà enlevé plus de 50 élus locaux dans tout le pays, il a réagi par instinct : « Eh bien, si les Russes viennent à moi, je serai prêt. » Un court silence s’ensuit puis il m’a regardé d’un air résolu et a repris : « Parfois les gens m’appellent et me disent : Vitali, tu devrais te cacher, ils te cherchent. Mais pour une personne comme moi, c’est difficile de se cacher. Une fois, ils m’ont appelé au milieu de la nuit alors que je parcourais la ville avec mon équipe et ils m’ont dit de me cacher sous terre : Les Russes vous cherchent ! Nous avons trouvé un bâtiment en ruine et avons passé la nuit à dormir sur le sol. »
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que M. Klitschko était à nouveau devenu une icône. Cette fois, l’immense admiration et le respect qu’il suscite proviennent d’élus locaux de toute l’Europe. Ces dirigeants locaux qui ne peuvent en effet pas se dérober devant les responsabilités urgentes et cruciales auxquelles ils sont confrontés : du changement climatique aux inégalités sociales, à la relance économique et même à la guerre. Pour eux, le maire Klitschko est devenu une véritable référence. Quelqu’un qui montre l’exemple. Un leader qui joint le geste à la parole.
M. Klischtko est peut-être le plus célèbre des dirigeants locaux ukrainiens, mais beaucoup d’autres se dévouent à la cause et risquent leur vie chaque jour dans cette guerre. Les maires, les chefs de district et les mandataires locaux de toute l’Ukraine ont continué à servir héroïquement la population dans les circonstances les plus éprouvantes. Les conditions varient considérablement selon les territoires. Dans les zones de combats intenses, les autorités locales s’efforcent d’évacuer les habitants et de leur fournir de l’eau et des produits de première nécessité, malgré les bombardements et les tirs d’obus réguliers.
Dans les territoires libérés depuis avril, les maires commencent déjà le travail de reconstruction. La restauration des bâtiments endommagés revêtent en effet une urgence toute particulière avant l’arrivée de l’hiver. Ailleurs dans le pays, les gouvernements locaux font face à l’afflux massif de personnes déplacées, à la nécessité de les loger et de les intégrer dans la vie locale.
C’est une leçon d’humilité que de voir ce travail entrepris par les maires et les dirigeants locaux malgré les menaces d’enlèvement et de mort qui planent. Depuis le début du conflit, les associations de collectivités territoriales ukrainiennes se mobilisent également comme jamais : elles coordonnent la fourniture de l’aide, identifient les besoins qui résultent de la situations actuelle sur le territoire et facilitent le contact avec leurs partenaires européens.
Les associations de collectivités de partout en Europe sont également très actives pour soutenir l’Ukraine en ces temps difficiles. L’association des villes et des communautés de Slovaquie a envoyé des milliers de colis contenant des fournitures médicales. Au Royaume-Uni, l’Association des gouvernements locaux (LGA) a réclamé de nouvelles compétences pour exclure légalement les entreprises soutenant la Russie des marchés publics. Parallèlement, le Réseau des associations de pouvoirs locaux de l’Europe du Sud-Est (NALAS) a été l’un des premiers à fournir une aide financière d’urgence à l’Association des villes ukrainiennes (AUC), et de nombreuses autres associations lui ont emboîté le pas. Ces exemples ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
L’engagement des élus locaux dans le soutien à leurs pairs ukrainiens et dans la gestion de l’impact de cette guerre est révélateur. Dans ce contexte de crise systémique, le leadership territorial constitue le socle sur lequel s’appuient nos réponses. Au Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), nous recevons des signes très encourageants d’une volonté sans failles des collectivités de jouer un rôle crucial dans le processus de reconstruction de l’après-guerre.
Le maire de Kyiv est prêt à s’atteler à la tâche. « Les efforts de reconstruction doivent se concentrer sur des projets de base et être conçus par les communautés locales », m’a-t-il dit. Au cours de notre rencontre bilatérale, il a souligné le besoin urgent d’un soutien à court terme pour construire des infrastructures clés dans la zone urbaine de Kyiv, telles que de nouvelles casernes de pompiers.
C’est l’un des projets pour lesquels nous, au CCRE, rassemblons du soutien. Notre taskforce sur la guerre contre l’Ukraine se réunit régulièrement pour coordonner le soutien des collectivités à l’Ukraine et s’assurer que l’aide politique, matérielle et financière répond aux besoins les plus urgents sur le terrain.
Nous espérons que de nombreux autres projets seront discutés à l’occasion de ma prochaine visite à M. Klitschko à Kyiv. Le maire de la capitale ukrainienne m’a invité rester plus longtemps la prochaine fois et m’a rassuré dans son style inimitable : « Si vous êtes inquiet pour votre sécurité, je tiens à vous rassurer, vous aurez les deux gardes du corps les plus coriaces de la ville : mon frère et moi-même ! ».
Lorsque je me suis retrouvé assis à la même table que M. Vitali Klitschko dans un restaurant sur le toit de Kyiv en juin dernier, j’ai pu mesurer à la fois le charisme et l’authenticité du multiple champion du monde de boxe et actuel maire de la capitale ukrainienne.
Bien qu’avant de le rencontrer, je connaissais Vitali Klitschko et son frère comme icônes du sport et boxeurs puissants dotés d’une grande technicité, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Après avoir passé une demi-journée avec lui à Kyiv, je peux dire que c’est un leader qui ne se cache pas : il est totalement lui-même.
Il est assez rare de rencontrer un dirigeant politique qui n’est pas tenté de fournir des réponses complaisantes pour satisfaire son public et ses interlocuteurs. Le maire Klitschko semble se désintéresser de tout cela et n’est animé que par sa détermination à lutter, à surmonter les difficultés et à aller de l’avant.
Lorsque je lui ai demandé comment il arrivait à repousser les forces russes alors qu’elles ont déjà enlevé plus de 50 élus locaux dans tout le pays, il a réagi par instinct : « Eh bien, si les Russes viennent à moi, je serai prêt. » Un court silence s’ensuit puis il m’a regardé d’un air résolu et a repris : « Parfois les gens m’appellent et me disent : Vitali, tu devrais te cacher, ils te cherchent. Mais pour une personne comme moi, c’est difficile de se cacher. Une fois, ils m’ont appelé au milieu de la nuit alors que je parcourais la ville avec mon équipe et ils m’ont dit de me cacher sous terre : Les Russes vous cherchent ! Nous avons trouvé un bâtiment en ruine et avons passé la nuit à dormir sur le sol. »
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que M. Klitschko était à nouveau devenu une icône. Cette fois, l’immense admiration et le respect qu’il suscite proviennent d’élus locaux de toute l’Europe. Ces dirigeants locaux qui ne peuvent en effet pas se dérober devant les responsabilités urgentes et cruciales auxquelles ils sont confrontés : du changement climatique aux inégalités sociales, à la relance économique et même à la guerre. Pour eux, le maire Klitschko est devenu une véritable référence. Quelqu’un qui montre l’exemple. Un leader qui joint le geste à la parole.
M. Klischtko est peut-être le plus célèbre des dirigeants locaux ukrainiens, mais beaucoup d’autres se dévouent à la cause et risquent leur vie chaque jour dans cette guerre. Les maires, les chefs de district et les mandataires locaux de toute l’Ukraine ont continué à servir héroïquement la population dans les circonstances les plus éprouvantes. Les conditions varient considérablement selon les territoires. Dans les zones de combats intenses, les autorités locales s’efforcent d’évacuer les habitants et de leur fournir de l’eau et des produits de première nécessité, malgré les bombardements et les tirs d’obus réguliers.
Dans les territoires libérés depuis avril, les maires commencent déjà le travail de reconstruction. La restauration des bâtiments endommagés revêtent en effet une urgence toute particulière avant l’arrivée de l’hiver. Ailleurs dans le pays, les gouvernements locaux font face à l’afflux massif de personnes déplacées, à la nécessité de les loger et de les intégrer dans la vie locale.
C’est une leçon d’humilité que de voir ce travail entrepris par les maires et les dirigeants locaux malgré les menaces d’enlèvement et de mort qui planent. Depuis le début du conflit, les associations de collectivités territoriales ukrainiennes se mobilisent également comme jamais : elles coordonnent la fourniture de l’aide, identifient les besoins qui résultent de la situations actuelle sur le territoire et facilitent le contact avec leurs partenaires européens.
Les associations de collectivités de partout en Europe sont également très actives pour soutenir l’Ukraine en ces temps difficiles. L’association des villes et des communautés de Slovaquie a envoyé des milliers de colis contenant des fournitures médicales. Au Royaume-Uni, l’Association des gouvernements locaux (LGA) a réclamé de nouvelles compétences pour exclure légalement les entreprises soutenant la Russie des marchés publics. Parallèlement, le Réseau des associations de pouvoirs locaux de l’Europe du Sud-Est (NALAS) a été l’un des premiers à fournir une aide financière d’urgence à l’Association des villes ukrainiennes (AUC), et de nombreuses autres associations lui ont emboîté le pas. Ces exemples ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
L’engagement des élus locaux dans le soutien à leurs pairs ukrainiens et dans la gestion de l’impact de cette guerre est révélateur. Dans ce contexte de crise systémique, le leadership territorial constitue le socle sur lequel s’appuient nos réponses. Au Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), nous recevons des signes très encourageants d’une volonté sans failles des collectivités de jouer un rôle crucial dans le processus de reconstruction de l’après-guerre.
Le maire de Kyiv est prêt à s’atteler à la tâche. « Les efforts de reconstruction doivent se concentrer sur des projets de base et être conçus par les communautés locales », m’a-t-il dit. Au cours de notre rencontre bilatérale, il a souligné le besoin urgent d’un soutien à court terme pour construire des infrastructures clés dans la zone urbaine de Kyiv, telles que de nouvelles casernes de pompiers.
C’est l’un des projets pour lesquels nous, au CCRE, rassemblons du soutien. Notre taskforce sur la guerre contre l’Ukraine se réunit régulièrement pour coordonner le soutien des collectivités à l’Ukraine et s’assurer que l’aide politique, matérielle et financière répond aux besoins les plus urgents sur le terrain.
Nous espérons que de nombreux autres projets seront discutés à l’occasion de ma prochaine visite à M. Klitschko à Kyiv. Le maire de la capitale ukrainienne m’a invité rester plus longtemps la prochaine fois et m’a rassuré dans son style inimitable : « Si vous êtes inquiet pour votre sécurité, je tiens à vous rassurer, vous aurez les deux gardes du corps les plus coriaces de la ville : mon frère et moi-même ! ».