Comment surmonter le changement climatique à l’aide de partenariats locaux ?
La coalition multipartite « coopération décentralisée et partenariats territoriaux » a prouvé un nouvelle fois à Climate Chance 2017 à Agadir (Maroc) que les villes et les régions du monde entier peuvent s’entraider avec des échanges d’expertise et de bonnes pratiques sur un large éventail des politiques publiques et d’actions.
Cette coalition née au sommet « Climat et territoires » à Lyon en 2015 est co-pilotée par PLATFORMA, l’AFCCRE, Cités Unies France et ENDA énergie, avec le soutien du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (Délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales). La coalition qui regroupe tous les acteurs (gouvernements locaux, organisations de la société civile, universitaires, etc.) impliqués ou intéressés par des partenariats climat s’est réunie le 12 novembre lors de l’événement annuel des acteurs non étatiques engagés dans l’action climatique.
La session a été modérée par Secou Sarr, directeur d’ENDA énergie, qui a également animé l’atelier sur la participation et la sensibilisation des citoyens et a présenté les initiatives d’ENDA DECLIC et « Diaspo Clim ».
André Sobczak, conseiller municipal de Nantes et vice-président de Nantes Métropole, chargé des affaires européennes et des relations internationales, a souligné que chaque ville peut apprendre d’une autre, et que les gouvernements locaux du « Nord » peuvent également apprendre de leurs homologues et surtout en ce qui concerne le changement climatique et ses effets. C’est la philosophie derrière la coopération de Nantes Métropole avec Dshang (Cameroun), Kindia (Guinée) et Grand’Hanse (Haïti). Il a également mentionné que l’AFCCRE rédigeait actuellement une publication sur la coopération climatique et les outils pour les gouvernements locaux et régionaux européens, qui sera publiée pour la COP23 en collaboration avec PLATFORMA.
Marine Gaudron, chargée de mission à PLATFORMA, a présenté la question de l’accès difficile au financement des projets climatiques, en particulier aux fonds européens qui pourraient bénéficier aux villes. Elle a présenté le Guide pratique de PLATFORMA pour réussir son projet comme étant l’une des initiatives qui peuvent accroître les connaissances des gouvernements locaux et régionaux sur les fonds de l’UE qui peuvent être pertinents pour leurs projets et leur fournir des conseils.
Colette Genevaux, responsable de projet au programme Solidarité Eau (pS-Eau), a présenté le mécanisme juridique français de « 1 % Eau » qui permettent aux gouvernements locaux de bénéficier d’un effet financier de levier pour financer des projets de coopération, grâce à la mobilisation de 1 % de leur budget pour la gestion de l’eau. Elle a fourni des exemples concrets de partenariats tels que le projet de soutien à la gestion de l’eau entre Evry et Kayes (Mali) ou celui qui relie la zone urbaine de Zorgho (Burkina Faso) à trois collectivités locales françaises (Nanterre, Lyon et Reims). Le département de l’Hérault pourrait également financer des experts pour soutenir la province marocaine de Taroudant. pS-Eau peut également mettre en contact les gouvernements locaux des pays en développement avec des partenaires français pour mettre en œuvre des projets sur l’eau et l’assainissement.
Durmish Guri, Directeur des projets au Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), a présenté aux participants deux initiatives concrètes dans lesquels le renforcement des capacités est une composante essentielle :
CONNECT : c’est un mécanisme novateur qui relie les partenaires internationaux pour échanger des expériences, des connaissances et des compétences. Son principal atout est son approche « de collègue à collègue ». Le mécanisme relie un gouvernement local qui a besoin d’une expertise spécifique et concrète (par exemple, la revitalisation d’un territoire par le biais du développement d’un tourisme durable) avec un gouvernement local qui a déjà de l’expérience dans des projets similaires, et finance par exemple une visite technique sur le terrain.
La Convention des maires pour l’Afrique subsaharienne (CoM SSA) : cette initiative soutient les villes subsahariennes dans leur lutte contre le changement climatique et dans leurs efforts pour assurer l’accès à une énergie propre. En rejoignant la CoM SSA, les villes signataires peuvent accéder aux bonnes pratiques et participer aux échanges de connaissances tout en renforçant les capacités de planification dans les domaines de l’initiative, bénéficier du soutien général et technique sur la planification climatique et énergétique par le biais du service d’assistance du Bureau de la Convention des maires, bénéficier d’opportunités d’échanges avec d’autres villes (échanges entre pairs) en Afrique subsaharienne et au-delà, développer des mécanismes de coopération décentralisée…
Dans l’ensemble, les discussions ont réaffirmé la nécessité de mieux faire connaître ses mécanismes de financement, qui permettent de mobiliser les acteurs des territoires dans des coopérations sur la durée et déclencher des effets de leviers pour les financements. Plusieurs participants ont exprimé leur inquiétude sur la difficulté de pérenniser les partenariats dans un contexte de réduction des budgets des collectivités ainsi que sur le besoin de développer de nouveaux partenariats de solidarité, en plus des coopérations historiques déjà à l’œuvre, grâce à des plateformes facilitant les échanges.
En savoir plus sur la session à Climate Chance :