La cartographie participative pour dessiner pacifiquement les limites des villages au Bénin

18 janvier 2017

Les communautés le savent mieux
L’expérience a eu lieu dans le cadre d’un Projet foncier local (PFL) financé par les Pays-Bas dans les communes de Dogbo et Klouékanmè, à trois heures à l’ouest de Cotonou. Soutenues par VNG International, les deux municipalités tentent de recenser les terres conformément au nouveau code foncier. Au cours de la mise en œuvre, l’équipe a été confrontée à l’absence de délimitations villageoises. Bien que le niveau local joue un rôle central dans le code foncier, la majorité des villages n’ont jamais été délimités dans l’histoire du Bénin.
Pour surmonter cet obstacle, l’équipe s’est tournée vers la cartographie participative, un processus qui rassemble les citoyens et les dirigeants locaux pour discuter des limites de leurs communautés. Les membres de la communauté – y compris les femmes et les jeunes – ont été invités à des réunions publiques présidées par des arpenteurs-géomètres. Sur la base d’une carte indiquant les principaux repères (arbres, rivières, routes, etc.), la communauté a discuté de la fin de leur village et du village voisin.
Après avoir obtenu un accord, des représentants ont été choisis pour participer au travail de terrain de l’arpenteur-géomètre. Les résultats de ce travail de terrain sont présentés à la communauté pour approbation. Enfin, dans les cas où le processus a conduit au chevauchement des limites villageoises, les membres des conseils locaux et les anciens des villages touchés ont été réunis pour parvenir à un consensus.
Le processus de la cartographie participative ne repose pas sur les capacités des innovations de pointe ou des technologies nouvellement développées, mais il repose sur des méthodes simples et disponibles, sous-tendues par la conviction que les communautés sont pleinement conscientes de leurs propres démarcations.

 

Pourquoi la cartographie participative est payante !

 

Entre mai et juillet 2016, 34 villages ont été délimités dans les deux municipalités. Les réunions publiques ont été doublées par des sessions d’information pour les participants qui n’étaient pas au courant de la nouvelle législation foncière. Les différends ou les conflits pendant le processus étaient rares et tous ont été résolus pacifiquement. Les coûts moyens n’ont pas dépassé 500,00 $ par village, mais surtout, la cartographie participative a offert aux communautés une démarcation fondée sur les frontières changeantes des identités humaines, plutôt que sur des lignes droites tracées à la règle ou le résultat de tractations opportunistes.

 

L’expérience de Dogbo et Klouékanmè a montré la valeur ajoutée de la participation du public dans le processus de délimitation. Son importance ne s’arrête pas au nouveau code foncier du Bénin. Étant donné que les délimitations villageoises se superposent aux frontières municipales qui, à leur tour, se superposent aux frontières départementales, cela signifie qu’une couverture complète des délimitations villageoises pourrait régler pacifiquement les conflits internes dans les pays qui entravent de nombreuses politiques gouvernementales. Au Bénin, la cartographie participative s’est révélée être un moyen inclusif, peu coûteux et réalisable de tracer pacifiquement des frontières réalistes.

 

L’expérimentation de l’application du Code foncier et domanial récemment adopté au niveau local est un élément important du Projet d’appui à la gestion foncière locale (PFL). La cartographie participative est une méthodologie ascendante contribuant à l’enregistrement inclusif et à l’administration des terres qui a été élaborée dans le cadre de ce projet. L’intention de VNGi est de présenter cette méthodologie lors de la Conférence annuelle de la Banque mondiale sur la terre et la pauvreté en mars 2017.

 

Brochure: Cartographie participative au Bénin

 

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