« Un sommet UA-UE sans les gouvernements locaux ? Plus jamais ! »

28 novembre 2017

Une centaine de dirigeants élus locaux et régionaux d’Afrique et d’Europe ont pris part au premier Forum des gouvernements locaux Afrique-Europe hier à Abidjan, en Côte d’Ivoire, deux jours avant le 5e Sommet Union africaine-Union européenne, qui réunira quatre-vingts délégations diplomatiques représentant près de deux milliards de personnes.

Après une journée complète de débats et de tables rondes, les dirigeants des gouvernements locaux et régionaux ont adopté une Déclaration commune – qui sera présentée lors du Sommet – appelant à inclure systématiquement les gouvernements locaux et régionaux et leurs organisations représentatives dans le dialogue sur le partenariat politique UA-UE.

« Il n’y aura plus un seul Sommet AU-EU qui ne tienne compte de la voix des gouvernements locaux et régionaux », ont déclaré Frédéric Vallier, secrétaire général du CCRE et Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de CGLU-Afrique, en conclusion des débats, juste avant de remettre la Déclaration à Sidiki Diakité, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de Côte d’Ivoire. Ils l’ont chargé de la transmettre au Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement.

Les dirigeants locaux européens et africains ont exprimé le souhait de donner un nouvel élan et une nouvelle ambition au partenariat politique UA-UE pour apporter des solutions partagées, innovantes et durables aux défis et problèmes de plus en plus complexes. Messieurs Vallier et Elong Mbassi ont ajouté : « Pour un futur partenariat efficace entre l’UA et l’UE, les gens doivent être impliqués. Et ce sont leurs gouvernements locaux qui sont les mieux placés pour ça ».

Ce premier Forum des gouvernements locaux Afrique-Europe a été organisé conjointement par PLATFORMA, CGLU-Afrique, le CCRE et la Convention des Maires pour l’Afrique subsaharienne, avec le soutien de l’Union européenne et de l’Union africaine, de l’Association des régions et districts de Côte d’Ivoire (ARDCI) et l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI).

« L’avenir de l’Afrique est l’avenir de l’Europe »

Plus tôt dans la journée, Stefano Bonaccini, président du CCRE, a déclaré : « l’avenir de l’Afrique est l’avenir de l’Europe. Et en tant que représentants des villes et régions d’Europe, je ne peux que souligner que nous sommes désireux de contribuer à cet avenir durable des deux continents. Nous sommes ici parce que nous croyons aux partenariats ». Il a ajouté : « Nous demandons à l’UA et à l’UE de nous écouter mais nous devons aussi nous écouter les uns les autres en tant que partenaires égaux ».

Mpho Parks Tau, président de CGLU, a appelé à un nouveau pacte mondial entre les citoyens et les États. « Même si nous avons des réalités différentes, nous devons travailler ensemble », a-t-il déclaré.

Linda Mc Avan, eurodéputée, présidente de la commission du développement et membre de l’Assemblée parlementaire paritaire UE-ACP a déclaré : « Nous devons avoir des gouvernements locaux comme de véritables partenaires dans le partenariat UA-UE », soulignant le travail du Parlement européen sur la révision du Consensus européen pour le développement, le mandat de négociation sur l’avenir du partenariat UE-ACP et les discussions autour de la stratégie UA-UE.

Il a été fait référence au phénomène des migrations, qui sera l’une des dossiers brulants du 5e Sommet, ainsi qu’à l’égalité des chances et à la jeunesse : « Vous êtes les acteurs de première ligne sur la migration, la résilience, la jeunesse et l’autonomisation. Vous êtes parfois la seule forme de gouvernement présente », a déclaré Brigitte Markussen, Directrice générale adjointe de la Division Afrique du Service européen pour l’action extérieure, s’exprimant au nom de la Haute Représentante Federica Mogherini.

Dans la Déclaration, les dirigeants locaux s’engagent à « intégrer une approche genre à toutes les étapes de leurs activités de développement territorial et de coopération décentralisée » et appellent au lancement d’un ambitieux « programme ‘emploi des jeunes’ qui mobilise la créativité des jeunes africains et européens ».

Mme Markussen a activement soutenu la coopération décentralisée « pour agir ensemble et échanger sur les expériences ». Enfin, elle a déclaré que « les jumelages ne peuvent être remplacés par aucun autre outil pour faire avancer le développement ».

Investissement à long terme et partenariats

En ce qui concerne l’investissement privé, les gouvernements locaux ont réaffirmé leur rôle : tout projet visant à mobiliser l’investissement privé ou externe dans le développement local devrait être « aligné et cohérent avec les priorités de développement des villes et territoires ». « La croissance économique locale devrait être durable et équitable », a-t-elle également dit.

Väino Reinart, sous-secrétaire à la Coopération économique et au développement extérieur, Estonie, a confirmé la ferme volonté de la présidence de l’UE de donner aux autorités locales « le sérieux et les ressources qu’elles méritent ». Il a dit : « tous les problèmes sont – dans un certain sens – locaux ». Et a ajouté : « les négociations post-Cotonou ne fonctionneront pas sans les villes et les régions », parlant du partenariat ACP-UE après 2020.

Jean-Marie Tetart, Maire de Houdan (France) et représentant de Cités Unies France, a insisté sur « des partenariats à long terme pour améliorer les services et la démocratie ». Il a également souligné le rôle des associations locales pour « créer stabilité et durabilité ».

Monica Barni, vice-présidente de la région Toscane (Italie) et membre du conseil politique de PLATFORMA, a parlé des impacts concrets des partenariats de sa région avec la Tunisie. Elle a souligné que ce n’était « pas seulement une question d’assistance technique mais aussi au niveau politique ».

Paolo Ciccarelli, Chef de l’unité villes, autorités locales, numérisation et infrastructures, au sein du département de la coopération internationale et du développement de la Commission européenne, a précisé que le budget dédié aux villes durables du Plan d’investissement étranger irait directement aux villes.

Pour Kalev Härk, Conseiller de Valga (Estonie), membre du Conseil politique de PLATFORMA, « les donateurs devraient réfléchir à de nouveaux mécanismes pour soutenir les gouvernements locaux qui prennent en compte leurs réalités spécifiques ».

Une énergie propre et abordable pour tous

« Les gouvernements locaux et régionaux peuvent faire beaucoup pour réduire le changement climatique et améliorer leurs finances en même temps, ce qui fait que les collectivités locales et régionales sont maintenant reconnues par la communauté nationale et internationale pour le rôle qu’elles jouent dans la lutte contre le changement climatique », a déclaré Marianne Overton, conseillère du Lincolnshire (Royaume-Uni) et porte-parole du CCRE sur l’environnement. « Les avantages financiers résultant de l’utilisation d’une énergie plus propre et plus efficace sont évidents », a-t-elle ajouté.

En fin de journée, 15 maires ont signé leur engagement officiel avec la Convention des Maires pour l’Afrique Sub-saharienne (CdM ASS), une initiative qui vise à augmenter les capacités des villes de la région à fournir un accès suffisant, durable et abordable et des services énergétiques propres aux populations urbaines et périurbaines (en particulier les plus vulnérables). CdM ASS fait partie du Pacte mondial des Maires pour le Climat et l’Energie, la plus grande coalition de villes et de gouvernements locaux du monde entier qui luttent contre le changement climatique.

Les photos du Forum sont disponibles sur FlickR.

Le procès-verbal des réunion est disponible ici.

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